> LA LOI NORMALE DES ERREURS _________________________________

HD_LA-LOI-NORMALE-DES_ERREURS_CARL-FRIEDRICH-GAUSS

LNDE GALERIE C copie copie 3

FACE_61,5x47,5cm__R-335

Z18

FACE_51x38,5cm__MW-66

FACE_82,7x72,7cm__WP-8

FACE_38,2x32,3cm__MAB-578

FACE_54x44cm__Ka-846-Aus-Kiste-Nr-Ka57

FACE_58,5x44cm__BOR-72

FACE_90x79,5cm__NEUW-696

FACE_62x52cm__WIL-7

FACE_90,5x60cm__R-875

FACE_58,7x48,7cm__R-1508

FACE_95,5x85,5cm__SCLOSS-81

FACE_111,5x96,5cm__R-40

FACE_84,5x74cm__W-26

FACE_56,3x44,5cm__ALM-2

FACE_60,8x50,8cm__MAB-112

FACE_52x42cm__M-96

FACE_52x43,2cm__R-1039

FACE_50x40cm__LI-7

FACE_49,8x39,8cm__LI-49

FACE_48x38cm__MAB-85

FACE_48x38,2cm__W-7

FACE_48,4x38,2cm__R-1043

FACE_44,2x36,4cm__REIN-3

FACE_43,7x34,7cm__KRA-24

FACE_43,5x37,5cm__ST-34

FACE_41,5x35,5cm__R-87

FACE_39x32,5cm__D-W-MOB-37

FACE_38,7x30,9cm__R-62

FACE_75c66cm__MAB-976

FACE_72x62cm__HIR-11

FACE_48x38cm__NEUM-40

FACE_66,7x57cm__MAB-249

FACE_68,5x59,5cm__PE-13

FACE_68,8x55,8cm__WBG-111

UNB-224

WBG-113

FACE_60,5x48,5cm__SIERF-1

Blanc de meudon

Cadres anciens et graphite sur bois noir
dimensions et propositions variables
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Installation
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2014-2021
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L’installation “La loi normale des erreurs” est constituée d’un portrait peint à l’huile sur toile, surplombant une accumulation de cadres anciens datant de la fin du XIXe ou du début du XXe siècles, marchandés aux puces de la Place du Jeu de Balle à Bruxelles. Chacun de ces cadres est occulté par un format noir portant une inscription à la mine de plomb composée de lettres et de chiffres. Celle-ci renvoie aux numéros d’inventaire apposés par l’administration nazie sur les biens mobiliers spoliés en France à des centaines de familles juives ; parmi ces biens figuraient des tables, de la vaisselle, du linge, des instruments de musique, des livres, des objets décoratifs mais aussi de nombreux tableaux et dessins attribués à tous types d’artistes (anonymes ou célèbres, amateurs, petits ou grands maîtres).
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J’ai sans doute commencé à m’intéresser aux spoliations par association visuelle. En effet, la manière dont étaient accumulés ces dizaines cadres anciens dans mon atelier a rapidement évoqué les photographies réalisées par Marc Vaux dans un Musée du Louvre vidé des ses toiles ou dans différents lieux de dépôt utilisés par les Nazis, comme celui du jeu de Paume à Paris.
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En parcourant des registres numérisés relatifs aux spoliations réalisées en France pendant l’Occupation, jaillit l’idée de faire coïncider les dimensions de ma cinquantaine de cadres vides avec celles de peintures ou d’œuvres sur papier. C’est en interrogeant la très ergonomique base de données de l’ERR Project disponible sur Internet – en entrant les dimensions des cadres récupérés en brocante dans les champs de recherche – que j’ai pu identifier des œuvres qui auraient pu y prendre place. Parmi les diverses propositions, j’ai assez naturellement privilégié les représentations de figures humaines, ne plaçant finalement qu’en seconde position la qualité d’un peintre ou d’une collection. Les notices correspondant aux œuvres ont été imprimées et collées sur les panneaux noirs, à l’endroit où l’œuvre d’art aurait pu être mise en place. Celles-ci comprennent une photographie en noir et blanc du tableau, du dessin ou de l’estampe d’origine, qui a pu depuis être restitué, perdu, détruit ou encore avoir rejoint les cimaises ou les réserves d’un musée.
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Inscrit directement à la mine de plomb sur le format noir, le numéro d’inventaire, relevant d’un pur langage administratif, vient se substituer à l’œuvre elle-même ; une gravure de Fujita initialement intitulée Jeune fille nue couchée devient ainsi MA-B 610. La présence humaine visible sur la photographie rappelle en creux le collectionneur lui-même, dont l’identité fut également anéantie et parfois réduite à une succession de chiffres.
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Par le dispositif de l’installation associant différents cadres, le but recherché est la traduction visuelle tant d’une certaine histoire oubliée de la peinture – une peinture plus ou moins modeste, qui n’a pas sa place sous cette forme non hiérarchisée dans les livres d’histoire de l’art – que des dépossessions massives, infligées à des centaines de collectionneurs et marchands d’art. Il s’agit ainsi finalement d’évoquer le rapport intime entre son propriétaire et un objet d’art – intimité brutalement anéantie par la violence et la cruauté de l’entreprise nazie.
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Un portrait peint à l’huile trône au-dessus de ces cadres sombres. Découvert dans une brocante en région parisienne, sur un stand du Rotary club, il représente un homme au visage sévère et froid, qui peut aussi bien évoquer une allégorie de l’administration nazie, à la déshumanisation implacable, qu’un collectionneur impuissant ou un témoin muet voire la conscience universelle comme le proposa Daniel Bosser. Son identité, comme celle de son auteur, demeurera probablement à jamais mystérieuse.
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Propos issus de :
LES SOURCES AU TRAVAIL
Journal de l’Université d’été de la Bibliothèque Kandinsky # 2
Édition BK-Centre Pompidou
2016
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